LE VILLAGE SOUS LES DUCS DE BOURGOGNE
Les origines du villages sont très anciennes. Des pièces de monnaie datant du Bas Empire (fin 2° début 3° siècle) ont été retrouvées en 1776 au lieu-dit ”Es ruisseau ”, près de l’ancienne voie romaine.
• En 874, Comblanchien apparaît comme suit BLANCANOE-CURTAS. Sachant que le nom d’un village peut avoir comme origine, un gué, un moulin, etc… mais aussi un domaine, Comblanchien est donc le « domaine » d’une femme dénommée BLANCHE; son origine germanique n’est pas à exclure.
La dénomination latine ci-dessus a évolué en CORBLAYCHIEN (1211), CORBLANCHIEN (1264), COURBLANCHIEN (1331-1376), COURBLAICHAIN (1445), pour devenir à partir du 16° siècle, et au gré des déformations phonétiques COMBLANCHIEN.
• Vers 1230-1265, les ducs de Bourgogne ont acquis de nombreuses propriétés; et l’on peut dire qu’à la fin du duché de Bourgogne en 1477, Comblanchien ”appartient ” aux ducs. Il faut préciser que Comblanchien dépend de la châtellenie d’Argilly, domaine ducal considérable depuis le 11° siècle.
• En 1220 Comblanchien compte 200 habitants environ.
La célèbre Abbaye de Citeaux, aux 14° et 15° siècle, les Chartreux de Dijon en 1389, le Prieuré de Losne, le monastère de Saint Vivant deviennent propriétaires à Comblanchien.
• En 1390-91 Comblanchien compte 120 habitants environ.
• En 1431 Comblanchien est pillé et brûlé. C’est les conséquences de la guerre de Cent ans n’épargne pas le village.
• En janvier 1477, avec la mort du duc Charles le Téméraire le duché de Bourgogne est démantelé, et passe sous l’administration du roi Louis XI, Comblanchien reste cependant un bel apanage de la châtellenie d’Argilly.
• En 1538, seigneurie et prévôté de Comblanchien sont aliénés à Etienne Jacqueron, anobli par Louis XII, et qui devient seigneur de la Motte d’Argilly et de Comblanchien.
•Un terrier de 1537-1544 (archives départementales) nous indique que la seigneurie de Comblanchien, ainsi que celle des communes voisines, appartiennent au Chapitre d’Autun (chanoines).
• En 1588, c’est Bénigne Jacqueron, fait chevalier par le duc de Guise qui est seigneur de la Motte d’Argilly et de Comblanchien. Il est membre de la Chambre des Comptes de Dijon, qu’il préside en 1544.
• Entre 1650 et 1700, on dénombre 100 à 150 habitants.
Divers petits seigneurs se succèdent jusqu’à la Révolution de 1789. A la veille de celle-ci, Comblanchien dépend toujours du bailliage de Nuits; son église, sous le vocable de la Nativité de la Sainte Vierge est succursale de Premeaux, diocèse d’Autun, archiprêtré de Nuits et auparavant de Vergy.
Les Grands Ducs de Bourgogne
Philippe le Hardi
Jean sans Peur
Philippe le Bon
Charles le Téméraire
LE VILLAGE APRES LA REVOLUTION
Exploitation et le développement spectaculaire de ses carrières renommées dès la fin du 19° siècle.
Nuit tragique du 21 au 22 août 1944 qui fera de COMBLANCHIEN, l’un des deux villages martyrs de la Côte d’Or.
Après 1789, Comblanchien est toujours un village très pauvre, il compte 200 habitants environ. Un tiers seulement de son territoire appartient aux habitants. Nobles et familles bourgeoises (Prince de Conti, famille Soucelyer de Beaune, Cottot, Le Gouz de Saint Seine etc..) ainsi que les congrégations citées plus haut sont propriétaires du reste du territoire. Après la Révolution, ces domaines ont été vendus en détail et aux enchères aux habitants. Le domaine de M. Le Gouz de Saint Seine a été vendu à titre de bien national.
• 29 juillet au 25 décembre 1815, le village est occupés par les ”Alliés” qui imposent de sévères réquisitions ;
• 1831 : un Arbre de la Liberté est planté pour célébrer l’avènement du Roi Louis Philippe. En cette année 1831, c’est François Guillemot qui devient premier instituteur et secrétaire de mairie de Comblanchien.
• 1843 : une école est construite, et, afin de perpétuer le souvenir du Roi citoyen, des pièces de monnaie d’or et argent sont mises sous la première pierre.
• Entre 1831 et 1850, une moyenne de 30 élèves fréquentent l’école, contre la moitié en été.
•8 septembre 1870 le Conseil municipal acclame la République « comptant qu’elle seule peut réparer nos désastres ».
•2 février au 7 mars 1871, le village est occupé par les armées prussiennes ; le montant des réquisitions et préjudices subis s’élèvent à 9943 frs. L’indemnité reçue de l’Etat de 1400 F sera affectée à la construction de la nouvelle église.
En cette fin du 19° et début du 20° siècle, avec le développement toujours croissant des carrières, dont les locations sont toujours très rémunératrices pour la commune, de nombreux investissements sont réalisés:
• 1876 à 1889 : construction très perturbée et très contestée de l’église.
• 1892 à 1894 : construction de la mairie-école. En effet la moyenne de fréquentation s’élève à 70 élèves, et les anciens locaux deviennent trop exigus. Ainsi, en 1891, on dénombre 543 habitants contre 226 en 1841. La population s’accroît en raison du nombre important d’ouvriers français et étrangers venant travailler aux carrières. Des élèves de nationalité suisse, belge, et italienne fréquente l’école ; en 1887, on en compte 18 !
• 25 décembre 1899 : arrivée du téléphone.
• 1904 : adduction d’un réseau d’eau potable pour encourager l’hygiène, et lutter contre les maladies infectieuses ;quarante cas de typhoïde, dont cinq mortels recensés en 1901 ! En cette année, construction d’un lavoir et abreuvoir.
• 1905 : construction d’un bureau de poste. L’actuel bureau, plus fonctionnel, sera construit en 1973.
• 1910 : l’éclairage public au pétrole de 1899 est remplacé par des becs électriques, après un certain temps de réflexion, car on doutait de l’efficacité de ce nouveau mode d’éclairage !! En 1918, 36 ménages seulement s’éclairent à l’électricité.
• 1913 : la force électrique est installée dans les carrières.
• 1914-1918 : Comblanchien ne se trouve pas dans la zone des combats. Une centaine d’hommes sont mobilisés, 31 ne reviendront pas, 6 sont blessés, 6 sont prisonniers . Le monument élevé en leur mémoire est inauguré le 11 novembre 1920.
• 1920 l’après guerre est douloureux, Comblanchien n’échappe pas à la situation inflationniste qui sévit en France. La crise apparaît frappe deux secteurs d’activité : la pierre et le vin. Afin d’occuper les chômeurs, la municipalité ouvre des chantiers (cassage de pierres) et devient employeur.
• En 1931, Comblanchien compte 741 habitants (chiffre jamais atteint depuis) dont 118 travailleurs italiens, ce sont surtout des familles qui fuient le régime de Mussolini. Des vignerons nécessiteux creusent des tranchées nécessaires à des travaux d’assainissement.
• Début 1938, la généreuse initiative de la municipalité, très consciente de la situation sociale des ses administrés cesse, assurant que les travaux sont suspendus jusqu’à l’année prochaine, en réalité, ce sera définitivement.
• 1940-1944: voir plus bas
• Dès 1959, modernisation et extension du village : Pour parer à l’exode ouvrière qui affecte la commune et contribue au vieillissement de la population (1935 à1959 : 107 naissances et 218 décès), la municipalité entreprend un vaste programme de construction de logements. Des lotissements sont mis en œuvre en 1959, 1962, 1977, 1987, et d’anciens logements sont réhabilités favorisant l’installation de jeunes ménages.
• En 1960, la commune a été classée 3° de France pour le revenu par habitant, c’était l’une des deux communes les plus aisées avec une commune du Jura pour ses forêts
• En 1968, Comblanchien compte 679 habitants, dont 71 de nationalités étrangères.
• En 1990, afin de diversifier les activités, et maintenir les emplois, une Z.A.C. est créée. Les constructions abritant les entreprises se font dans le cadre de locations ventes.Tous ces travaux ont pu se réaliser grâce à une certaine aisance financière de la commune. En effet celle-ci est propriétaire de ses carrières qui lui assurent environ 40% de ses revenus, auxquels il faut ajouter ceux produits par la forêt de Bagnot (21) et Chagny (71) et un parc locatif de 30 logements et bâtiments divers. De ce fait la pression fiscale est assez faible, c’est la plus basse du canton de Nuits St Georges.Les problèmes d’environnement, avec l’aménagement des terrils (dépôts de résidus de carrières), commencé en 1988 vont se poursuivre. Il en va de même avec la suppression de la décharge municipale et le tri des déchets par les administrés depuis 1999.
• En 1999, Comblanchien comptait 641 habitants, soit 100 de plus qu’en 1990, et la construction d’une nouvelle classe s’est avérée nécessaire ; c’est le résultat de la politique volontariste de construction entreprise par les diverses municipalités depuis quarante ans. Elles ont toujours mis en œuvre les grandes réalisations du moment, faisant en sorte que Comblanchien est un village où il fait bon vivre.
S’il est une période de l’Histoire qu’on ne peut passer sous silence à Comblanchien, c’est la douloureuse période de l’occupation allemande de 1940 à 1944:
Du 3 avril au 29 mai 1940, une centaine de soldats français de la Compagnie radio goniométrique 85 1/6, originaire du sud de la France séjourne au village; ils logent chez l’habitant.
Le 17 juin 1940, c’est l’ arrivée des troupes allemandes. Du 17 décembre 1940 à mars 1942, le village est occupé d’une façon irrégulière par diverses unités allemandes. Ils s’installent dans les familles, à un ou plusieurs selon les places. Leurs chevaux et matériels occupent les écuries, granges, cours des cultivateurs qui doivent fournir aux animaux nourriture et litières.
Cette occupation, c’est aussi :restrictions, réquisitions, contraintes et menaces !
Début mars 1942 et jusqu’au printemps 1944, les village est donc vide de soldats allemands; mais… le pire est à venir !
A Comblanchien, les idées politiques dominantes depuis longtemps (2è tour des législatives de 1936 :100 voix pour le candidat des Gauches, contre 27 à celui de la Droite), dues au milieu ouvrier des carrières, mais aussi dans les milieux viticoles et agricoles, vont faire de Comblanchien « ce village de carriers et de vignerons » comme le décrit la Gestapo de Dijon, un village résistant. En raison de telles opinions, et pour son attitude courageuse et patriote, le village en subira les conséquences tragiques le 21 août 1944.
La rupture du pacte germano-soviétique en juin 1941, va propulser les militants communistes dans le combat clandestin. Le 10 avril 1942, l’un d’eux, André Lefils est arrêté par les gendarmes de Corgoloin, livré aux Allemands, il est fusillé le 27 avril à Dijon.
C’est à Comblanchien le 6 juin 1944, à 23 heures, que se réunissent au lieu-dit « la Perche à l’oiseau », 95 francs-tireurs, qui vont constituer à Arcenant, à 10 kms à l’ouest de Nuits Saint Georges, un groupe F.T.P sous la direction de Maxime Salomon qui est commissaire technique interrégional; ce groupe comprend une quinzaine d’hommes de Comblanchien.
Le 15 juin, le maquis est attaqué et deux résistants de Comblanchien, Jean Fiorèse et Ferruccio Borillo sont tués ainsi que quatre autres maquisards.
Autre groupe de résistance constitué au village, c’est celui animé par le jeune Claude Henry (20 ans) et son père Max, le groupe Armée secrète de Comblanchien-Corgoloin. Une dizaine de personnes se sont joints à eux, et ont élaboré un plan d’attaque qui leur permettra, au moment voulu, de harceler et de désorganiser la retraite allemande. Claude Henry n’hésite pas à héberger des réfractaires, fait de fausses cartes d’alimentation, effectue des reconnaissances dans les dépôts ennemis et les signale, fait homologuer par l’Etat-major allié un terrain de parachutage.
Lâchement assassiné dans la nuit du 21 août 1944, Claude et Max Henry ne connaîtront pas les heures joyeuses de la Libération, pour lesquelles ils ont tant donné !
C’est par une soirée très grise et glaciale qu’arrivent le 17 février 1944, 28 réfugiés du nord de la France, expulsé par l’occupant qui craint un débarquement dans cette région. 20 personnes arriveront encore le 16 mars et 8 juin. Nombre d’entre eux seront sinistrés le 21 août 1944.
Vers la fin mars 1944, une section d’environ 35 hommes s’installent au château Deslandes qui domine le village. Ils font partie d’une compagnie de gardes-voies de communications commandée par le capitaine K Schoning, dont le P.C. est à Comblanchien. Ces hommes d’un certain âge pour certains, ne manifeste aucune agressivité envers la population, qui tout naturellement les méprise.
Les 7 et 18 août, des trains sont mitraillés par l’aviation alliée entre Comblanchien et Corgoloin.
Ces événements suscitent beaucoup d’espérance pour une libération que l’on croit proche…Hélas ! la réalité de la situation apparaît le soir du 21 août. L’armée allemande est toujours là, et engage une répression punitive contre la population paisible du village « terroriste » marqué à l’encre rouge par les allemands. Ce sera la nuit tragique du 21 août 1944.
Au lendemain du drame, la population est persuadée que les allemands reviendront incendier la partie du village non incendiée, d’autant plus que leur retraite qui se poursuit sur la RN 74, à la fois mouvementée et pittoresque, est assortie à leur arrêt, de réquisitions forcées assorties de menaces !
Les évènements se précipitent. Le 6 septembre, les allemands du château quittent le village, le 8 dans l’après midi des éléments de la 1° Armée française arrivent à Comblanchien. C’est un moment de joie intense, et aussi de profonde émotion d’accueillir, au milieu de nos pauvres ruines tous ces jeunes soldats.
Il s’agit, maintenant, de reconstruire ; la tâche est immense et les difficultés nombreuses. C’est d’abord au cours de l’hiver 1944-45, la démolition de pans de mûrs brûlés. Dans l’attente, les sinistrés sont relogés chez des amis, des parents, et dans des baraques en bois à double cloison de 30 m2 environ fournies par le M.R.U (Mouvement pour la reconstruction et l’urbanisme). La reconstruction est achevée en 1955.
La victoire du 8 mai 1945 est accueillie avec joie, mais pas avec le même enthousiasme qu’à la Libération de 1944. Cette guerre, hormis les fusillés, a fait deux tués durant la campagne de 1939-40. Huit prisonniers rentrent de captivité au printemps 1945. La guerre en Indochine fera aussi deux jeunes victimes.